1, Déc 2021
Action d’éloignement des auteurs de violences conjugales par l’UDAF de l’Aude
Assurer l’éloignement des auteurs de violences conjugales ou intrafamiliales est un enjeu important pour assurer la sécurité des victimes et éviter les risques de récidives. De nombreux drames, parfois révélés dans l’actualité, nous le prouvent chaque jour.
Dès lors que ces auteurs sont incarcérés, le problème est écarté, du moins de façon temporaire, mais s’ils sont en attente d’un procès, condamnés sans peine de prison ou sortis de détention, ils peuvent être tentés de retourner au domicile de la victime, voire de rester y vivre s’ils n’ont pas de solutions d’hébergement économiquement viables.
C’est pour éviter ce type de situations que l’UDAF de l’Aude s’est portée volontaire pour proposer une action de prévention concrète et immédiate, consistant en des solutions d’hébergement sur le département pour les auteurs de violences conjugales, afin de protéger les victimes et de minimiser les risques de récidives.
Prise de position et genèse du projet
Selon le souhait de Mme Andrée IBAL, Présidente départementale, l’UDAF s’est positionnée sur ce service d’intérêt familial suite au mouvement lancé dans le cadre du Grenelle sur les violences conjugales et à la demande de Mme Sophie ELIZEON, ancienne préfète de l’Aude en 2019, qui a désiré associer l’UDAF à sa réflexion sur l’accueil des auteurs de violences conjugales, pour éviter les récidives et favoriser les prises de conscience.
En automne 2020, une convention a donc été́ établie entre les services de l’Etat, de la justice, et les forces de police et de gendarmerie, ainsi que trois partenaires opérationnels, à savoir le SPIP (service pénitentiaire d’insertion et de probation), l’UDAF de l’Aude et l’association KYATIS. Le dispositif a commencé́ à héberger les premiers auteurs mi-octobre 2020.
« Faute de ressources financières suffisantes, certains auteurs de violences conjugales retournent vivre auprès de leur compagne victime et même si certains sont sur le chemin de la prise de conscience, en revenant chez eux, le risque de récidive est important. Depuis que nous avons mis ce dispositif en place, il y a quelques mois, les bénéficiaires nous confirment qu’ils arrivent à prendre davantage de recul du fait qu’ils n’ont pas, pendant les quelques mois de cette prise en charge, à se soucier de trouver un logement. Ainsi la prise de recul quant à l’inadaptation de leur comportement est facilitée. », précise Thibault Tornabene, directeur de l’UDAF de l’Aude.
Déploiement du dispositif
Les équipes de l’UDAF, et en particulier Christine FOURNIER, intervenante VIF , ont donc travaillé sur la mise à disposition de logements autonomes, répartis sur le département. Ce dispositif a pu accueillir une dizaine d’auteurs qui se sont succédés dans les appartements, ou nuitées d’hôtel.
A ce jour, 3 hébergements sont donc occupés à Carcassonne, Narbonne, et Castelnaudary. Les locataires sont hébergés pour des périodes de 3 mois renouvelables et participent au loyer et aux frais (eau, électricité, assurance), à hauteur de 10 à 30% de leurs revenus.
Les auteurs de violences conjugales sont adressés à l’UDAF par le SPIP ou par les magistrats (procureur ou JDL), dans la cadre de procédures judiciaires pré́-sentencielles et post-sentencielles, c’est à dire après la commission des faits, soit en attente de jugement, soit après un jugement, et parfois à l’issue d’une incarcération.
Après quelques mois, le bilan de cette action est déjà tout à fait positif, puisque son objectif premier- permettre aux victimes d’être maintenues dans leur domicile, le cas échéant avec leurs enfants, le plus sereinement possible – est atteint.
Il reste à améliorer le cadre de ce dispositif, qui doit rester une solution de transition temporaire liée à une démarche de responsabilisation des auteurs de violences conjugales par rapport à leur comportement violent et par rapport à leur projet de réinsertion sociale et professionnelle.
A noter aussi, que par 2 fois, le dispositif s’est ouvert plus largement aux auteurs de violences familiales (enfant vs parents – beau-frère vs belle-sœur). Cette prise en charge même si elle a été très momentanée a permis d’apaiser les tensions familiales au sein du foyer.
Antenne locale du Centre de prise en charge des Auteurs de Sud Occitanie, ce dispositif singulier fait d’ailleurs l’objet d’une fiche action au sein de l’organisation France Assos Santé et a été largement promu à Carcassonne le 25 novembre 2021 à l’occasion de la journée pour la promotion des droits de la femme et la lutte contre les violences conjugales.
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- Par Fanny